Nos spectacles peuvent prendre la forme de déambulations ou de ce que nous nommons installations vivantes, depuis là créé au festival Mettre en scène en 2001.
Nous définissons notre théâtre comme un théâtre d’expérience, un théâtre de la relation.
La notion de « rendez-vous » est inhérente au théâtre, nous questionnons cet aspect fondamental de l’expérience théâtrale.
Nous nous sentons proches de « l’esthétique relationnelle » définie par Nicolas Bourriaud dans son essai éponyme. La question qu’il développe : l’art contribue-t-il aujourd’hui à l’émergence d’une société relationnelle ?
Cette question nous amène à explorer comment créer une relation singulière avec chacun.
Nous travaillons avec des petites jauges car la rencontre, la relation au spectateur est le coeur de notre travail. Au delà d’une certaine jauge, nous ne serions pas honnêtes avec ce que nous souhaitons développer au sein de nos créations. Les spectateurs sont au coeur de nos spectacles, ils font partie incluante, intégrante de la création. Ils sont invités à l’intérieur de nos espaces scénographiques et sont invités à participer à l’oeuvre.
Notre terrain de recherche est l’être humain : ce qui le fonde, ce qui le traverse et ce qui le met en mouvement, nos spectacles invitent à la rencontre de soi et la rencontre de l’autre.
Notre matière première est l’être humain. Son intime. Sa capacité à faire partie d’un tout. Un tout pouvant se définir comme monde ou comme univers. Une entité qui nous dépasse.
Nous questionnons l’être humain comme individu et sa place dans la communauté.
Nous aimons dire que nous savons que nous ne savons pas. Nous cherchons indéfiniment, il y a une part de mystère dans cette matière « être humain » : un terrain de jeu insatiable.
Pour cela nous cherchons autour de deux axes principaux : la rencontre et l’art d’écouter.
Ce qui fait rencontre c’est cette chose indicible mais qui fait lien, cette connexion entre les êtres humains.
« Dans le moment de l’oeuvre se crée un instant relationnel, un fragment de vie où mon rapport au monde et à la communauté est questionné. »
Alexis Fichet, à propos de Là – Mise en scène Benoit Gasnier – Festival Mettre en scène 2001
in Entre / là de quelques objets théâtraux surpenant – revue théâtre en Bretagne.
Ce que nous appelons l’art d’écouter, c’est ce qui nous met nous mêmes en posture d’écoutants afin d’offrir au spectateur cette possibilité de se mettre lui même en écoute. Ecoute de soi. Ecoute de l’autre.
Platon dit « Le poème apparaît lorsque le poète disparait ». Nous ne sommes que des passeurs. Nous aimons dire que nous disparaissons pour laisser à l’autre – le spectateur – la possibilité d’apparaître.
Nous travaillons depuis de nombreuses années à partir de questions. Elles sont le moteur de notre démarche de création.
Comment prendre part à ce qui nous dépasse ou ce qui nous est inconnu ?
Pouvons nous aujourd’hui croire en une construction collective ?
Qu’est ce qui nous rassemble ?
Quels sont nos fondements ?
Qu’est ce qui nous a construits ?
Ce qui nous importe ce n’est pas tant la réponse à cette – ces questions mais le chemin créatif qui nous amène à nous poser encore davantage de questions.
Nos outils sont multiples : L’espace, la lumière, le son, le texte, les acteurs, les odeurs, l’obscurité (voir le noir total), les objets … sont ici utilisés comme ciment d’une poétique de l’imaginaire, stimulant les sens.
Benoit Gasnier – Julie Seiller